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Reconnaissance faciale : Identifier un inconnu dans la rue avec votre smartphone

foule rue

La reconnaissance faciale, technologie intégrée dans nos modes de vie par le déverrouillage de nos smartphones, nous semble cependant improbable à l’utilisation à grande échelle dans un pays comme la France. Elle est pourtant actuellement testée à Nice par la municipalité pour la surveillance de certains événements et testée par l’Etat avec le service d’authentification aux services publics ALICEM. Loin de l’usage généralisé que peut en faire la Chine, la reconnaissance faciale est cependant déjà accessible du grand public via des applications qui permettent d’identifier et retrouver des personnes sur le web. Ces outils présentent des limites mais également un potentiel aussi impressionnant qu’inquiétant.

La reconnaissance faciale

D’après la CNIL, la reconnaissance faciale est une technique qui permet d’authentifier ou d’identifier une personne a partir des traits de visage. Elle peut être appliquée à des photographies ou des vidéos et consiste à comparer la similarité des pixels de deux images afin d’identifier un élément ou un individu. Cette tâche est laissée à une intelligence artificielle qui va comparer le modèle à sa base de données : bien souvent, internet. Ces outils sont libres d’accès sur le web et permettent notamment de faire des recherches par image en important un fichier de son ordinateur ou via son adresse URL.

La recherche par image

homme costume
résultat google image

Certains moteurs de recherche comme Bing ou Google proposent de faire une recherche par image en utilisant la reconnaissance visuelle (et non faciale) qui ne permet pas d’identifier un individu mais de trouver des photos similaires à celle que l’on a importé. On obtient donc simplement des photos similaires en terme de couleurs, compositions et de sujets. Si on importe la photo d’un homme en costume au crâne rasé, on trouve des photos d’autres personnes correspondantes à cette description.

Yandex

D’autres moteurs de recherche étrangers tout à fait accessibles depuis la France comme le moteur russe Yandex proposent une version de cette recherche par image mais soumise cette fois à la reconnaissance faciale. En utilisant cette fois-ci le moteur de recherche principal en Russie toujours avec une recherche inversée par image, l’algorithme nous propose cette fois-ci des résultats filtrés par la reconnaissance faciale et est même capable d’identifier et nommer certaines personnes. L’outil va alors comparer les pixels et points clés de l’image de recherche à sa base de données, soit Internet, et n’a même pas besoin des méta-données de l’image (comme le nom du fichier, son format, son historique…). Plus l’image sera en haute définition et plus la reconnaissance sera précise mais l’algorithme est tout à fait capable d’identifier quelqu’un à partir d’une capture d’écran de quelques pixels par quelques pixels. Pour une personne lambda, l’outil peut retrouver des photos d’elle présentes sur le web, des articles de presse ou encore des posts sur les réseaux sociaux et identifier implicitement cette dernière. Pour une personne de notoriété publique, l’outil identifie immédiatement son nom et de nombreuses photos où elle apparaît. La différence d’efficacité est simplement liée à la quantité d’information présente sur le web concernant le sujet. Facile d’imaginer que d’ici quelques années où les algorithmes seront perfectionnés et nos réseaux sociaux de plus en plus riches de photos, n’importe qui sera identifiable par ce genre de plateformes. Il suffit de prendre une photo de quelqu’un dans la rue et l’utiliser sur Yandex ou d’autres moteurs de recherche pour obtenir son nom et toute son identité numérique. Certaines entreprises parlent même de lunettes connectées permettant l’affichage des informations en temps réel des personnes que vous croisez.

recherche Yandex Rihanna

Et demain ?

Cette technologie extrêmement puissante peut effectivement être utile pour identifier des criminels, prévenir des actes terroristes ou retrouver des personnes disparues mais elle peut également se montrer très liberticide dans les mains d’un acteur privé ou d’un Etat comme peut le démontrer actuellement le régime chinois en fichant, pistant et notant l’ensemble de sa population. Un outil comme celui-ci, si il n’est pas rapidement encadré et pris au sérieux, pourrait s’avérer dangereux pour la démocratie et la pluralité des opinions. Ces nouveaux outils présentent toutefois des limites comme la chute de précision des algorithmes pour la reconnaissance de personnes noires de peau, de femmes et de visages peints. D’autres technologies actuellement à l’essai visent à reconnaître des individus même masqués grâce à l’étude de leur démarche qui permettrait également une identification.

« Dire que vous n’en avez rien à faire de la surveillance de masse parce que vous n’avez rien à cacher. C’est comme dire que vous n’avez rien à faire de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire. »  Edward Snowden

Pour approfondir le sujet, n’hésitez pas à visionner les vidéos suivantes :